Autour d'un verre...

- Alors, c’est ici que tu te caches lorsque tu n’est pas à la maison ?
- Mais non, c’est au bureau que je me « cache ».
- C’est ça. Et à midi ? Où mange-tu si ce n’est pas ici ?
- Ils viennent de ré-ré-ouvrir. A midi, je mange sur le pouce. J’ai maigri d’ailleurs.
- Ah oui ?
- Ben ? Becky ? Tu n’as même pas vu que j’avais fondu ?
- Heu… je… pas… enfin… Ben, non, voilà !
- C’est la meilleure celle-ci !
- Pourquoi l’ont-ils appelé le Dauphin Rieur ?
- Heu… parce que… parce que Max devait avoir un dauphin… et il devait lui raconter des histoires drôles… et…
- Max ? Un Dauphin ? Tu me prends pour une courge ? Tu n’en sais rien en vérité ?
- Rien du tout.
- Et qu’est-ce que tu commandes d’habitude ?
- Becky ! Je te dis que je viens pas ici les midi pour manger.
- Donc, tu y viens pour voir Max ?
- Mais non !
- Donc pour y voir une autre femme ?!
- Quoi ?? Qu’est ce que tu racontes ?
- Comment s’appelle-t-elle ? Nina ?
- Nina ? C’est la porte parle du parti…
- Donc, c’est bien elle. Et depuis quand tu me trompes ?
- Rébecca, tu es folle ! Je ne vois personne. C’est la première fois que je mets les pieds ici.
- Tu la vois ailleurs alors ?
- Mais non. Oh ! J’ai compris ! Toi, tu as quelque chose à me demander, c’est ça, hein ?
- N… non. Enfin…
- Ah ! J’en étais certain ! Eh ?! Garçon ? Deux Spéciales s’il vous plait ? Alors ?
- Eh, bien… Un vieil ami vient de me contacter. Il a des problèmes d’argent et a su que j’étais dans le coin. Alors, il m’a demandé si on pouvait l’héberger deux ou trois jours.
- Mmmh… Mouais. C’est qui ce type ? Je le connais ?
- Oui. C’est Francisco…
- QUOI ? Ton ex ?
- Oui.
- Hors de question Becky. Peut aller se faire voir ce bellâtre.
- Tod !? S’il te plait ?
- Non, non et non. Il vient ce verre ?

Le serveur arriva à la table, légèrement gêné par la scène.

-Hum..madame, monsieur bonjour, si j'ai bien compris 2 Spéciales de Tétaou ? Je vous propose quelques crevettes à grignoter avec une petite sauce pour l'accompagner ?

Puis le serveur tenta maladroitement d'être familier envers Tod, s'abaissant rapidement vers lui avec un petit coup de coude au passage il déclara : "Ah les femmes, quand elles sortent de la cuisine on ne les tiens plus, hein m'sieur..heu..."

-Cela vous conviendrait -il ?

Tod se leva et demanda la direction des toilettes au serveur. En partant, il lui souffla "Elles sont surtout parfois parano pour ne pas dire hystérique. Tout ça parce qu'elle a trouvé un mot de ma collaboratrice dans ma veste."

Seule avec le serveur, Becky confirma la commande :
- Des crevettes ? Alors, c'est ce qu'il prends d'habitude, des crevettes ? Ca doit être le petit nom qui lui donne. Heuu... Oui, ça ira très bien monsieur ; deux spéciales et des crevettes. A quoi est-elle cette sauce ?

Le serveur sourit à Tod, puis entendant Rebecca Ruffin il se tourna vers elle.

-Oh c'est une petite sauce maison simple une crème avec un petit mélange simple. Quelque chose de frais, quelque chose de rafraîchissant qui apaise les tensions..

Rébecca acquiesça de la tête et ajouta :
- Alors, mettez-en beaucoup, je vous en prie.

Revenant des toilettes, il passa à côté d'une table où deux hommes étaient avachis. L'un d'eux parlait comme un charretier. Il le scruta et constata qu'il s'agissait de Paul Hisson... "Pas étonnant alors !". Puis Tod se dirigea vers le comptoir - quelques secondes de répit de gagné, ça ne se refusait pas - et fit la causette au serveur.

- Avez-vous une carte ? J'ai voulu effectuer une "transaction" pour deux Spéciales, mais le "produit" n'est pas disponible (écomicro). Avez-vous des nouvelles du patron ?

-Parfait madame je vous apporte ça de suite.

Se dirigeant vers la cuisine il croisa Tod accoudé au comptoir.

-Une carte ? vous ne connaissez pas bien la maison, il y a 10 ans on recevait la noblesse et les plus hauts dirigeants. Aujourd'hui on reçoit... *jetant un oeil à Paul hisson*, enfin bref tout ça pour dire que pour le moment la vitrine n'est pas encore reparti, considérez que c'est cadeau. pour le moment le dauphin rieur vit grâce à quelques commandes d'état, à long terme cette facette devrait être développé, en attendant c'est la maison qui offre. L'idée est de repeupler un peu le restaurant avant de repartir; Mais c'est pas gagné, j'ai du aller pêcher le poisson et les crevettes moi-même !
Alors ne me parlez pas du patron, il a déléguer le groupe à un sous-fifre, Gontran de la Pochepercée il est aussi compétent que le patron ! Le groupe coule mais nous on rachète des vieilles boites !
Cependant il paraîtrait qu'il envisage de passer davantage de temps à Fantispa, la vie pryanne le lasserait et toutes ces choses, enfin tant que je ne l'aurais pas vu...

le serveur fit claquer ses doigts et fit signe à son collègue d'apporter le plateau des Ruffin à leur table

Enfin, j'aurais pas perdu ma journée, on aura attiré un ministre, c'est pas rien ! Alors on s'y fait à la vie de politicard ?

Je vois. C'est difficile et long de remettre une entreprise sur les rails. Mais vous savez, votre patron, il a beaucoup de responsabilités et de pressions. Alors, le restaurant... c'est un peu la dernière chose dont il peut s'occuper et en même temps l'un des rares endroits qui représente un havre de paix. Bon, il est vrai que la clientèle n'y est pas toujours des plus fréquentables [jetant un oeil au monarchique]. Mais, ça reviendra.

La vie de politicard ? Ouarf, on n'imagine pas le travail et les responsabilités que cela engendre. Et puis, il faut être diplomate et savoir gérer les crises... je ne suis pas fait pour ça ; je ne serai jamais le Ministre des affaires étrangères de son Altesse. Tenez, prenez ma femme, difficile pour moi de jouer les diplomates. J'ai beau me plier en quatre pour elle, rien à faire...

M'ouais, à qui le dites vous ! Pour faire passer ça jke vous ferais envoyer une autre tournée de Spéciale !

Je... aïe ! Je crois qu'elle s'impatiente. J'y retourne. Merci pour les verres. Et les crevettes.

Après cette journée studieuse, Tod se décida à faire un petit tour au Dauphin Rieur. Il voulait se détendre un peu. Sa journée avait commencé très tôt par un passage au Comité. Les travaux de cartographie avaient enfin abouti et il n’attendait plus que le feu vert de Victoria Brolodina pour présenter aux fantispais les avancées de ses activités. Il en avait profité pour plancher sur un autre projet confié à son Comité par le Premier Ministre. Puis, en fin de matinée, il s’était rendu au Conseil des Ministres. La réunion très brève n’avait débouché sur aucune remarque. Ainsi, Tod se retrouva en avance sur son programme du jour, il siffla à son chauffeur surpris « Foncez à l’Université ! » Cela faisait des lustres qu’il n’y avait plus mis les pieds. Tod souhaitait consulter les thèses proposées – et notamment celle d’histoire – par l’institution. Il savait que Max était l’auteur de l’une d’elle et il voulait absolument en prendre connaissance. Mais, c’est avec stupéfaction qu’il avait écouté la secrétaire binoclarde de l’Université lui dire :
- Je suis comme vous monsieur, je ne comprends pas. Nous ne retrouvons pas ces thèses. Elles doivent être englouties sous les colonnes de copies des étudiants. Je suis navrée.

Déçu et frustré, Tod avait alors organisé depuis son bureau du RPR son voyage à Tindali de la semaine prochaine. Une bonne semaine de vacances le requinquerait – même s’il ne se sentait pas spécialement exténué ces derniers temps – Il croisa Eva qui – pour une fois – ne le conviait pas à une réunion de dernière minute comme elle en avait le secret. Il lui trouvait même un air guilleret, enjoué. Il avait remarqué sa tenue un peu trop élégante, voire sexy. Cela cachait un rendez-vous galant, Tod en était certain.

Finalement, il se retrouvait maintenant accoudé au comptoir du Dauphin Rieur, ce bar-restaurant qu’il connaissait si peu. Au fond de la salle, il pouvait encore y voir cet énergumène de Hisson, penché sur la table, en grande conversation avec un type qu’il ne connaissait pas. Tod reprit une gorgée de sa Spéciale et continuait à regarder le spectacle de la « comédie humaine ».

L'été faisait son oeuvre, les fantispais tentaient de profiter du soleil en s'offrant quelques moments de plaisir. Tod n'échappait pas à la règle - même s'il passait encore beaucoup de temps enfermé dans les murs du Comité de l'Intérieur afin de remplir les objectifs fixés par Victoria Brolodina. Il arriva donc en compagnie de sa femme, Rébecca au Dauphin Rieur qu'ils commençaient à s'attacher. La présence de l'esprit mortonien ni était probablement pas pour rien - non pas que Max soit mort (oh non !), mais le lieu était rempli tout entier pas l'atmosphère bienveillante du bonhomme. Le couple prit place à l'une des tables. Tod s'était assuré qu'ils étaient à bonne distance de Hisson. Ce dernier était la seule "verrue" du décor. Mais étrangement, la présence de l'énergumène le rassurait. Il était comme une sorte de jauge qui lui permettait de s'assurer que rien ne changeait ici-bas.

- Et si j'en faisais autant ? demande Rébecca.
- De ?
- Comme John... voyons Tod ! Tu m'écoutes quand je parle ?
- Euh... tu penses.
- Alors ? Qu'est-ce que tu en penses ?
- Mais faire quoi ?
- Eh ben, devenir prêtre.
- Tu n'y penses pas ?
- Bien sûr que si. Cette religion me fascine, tu le sais. Je crois qu'Olloh est là pour nou...
- Arrête tes boniments Becky, l'interrompit Tod. Pas à moi ces conneries.
- Tu es fermé à tout, à la spiritualité, à la croyance, à l'espoir. Parfois, je me demande ce qu'on a en commun.
- Un enfant ?
- A part Auguste...
- Euh... un chien ?
- Tod !
- Bon, ok. euuuuh...
- Tu vois, on ne partage plus rien. Et tu ne me soutiens jamais dans mes initiatives. Pire, tu m'en dissuades.
- Est-ce que la religion alhamique permet à ces "guides" la vie maritale ? demanda Tod en se penchant sur la table.
- Euuuh. Je ne sais pas.
- Voilà ! Tu ne connais rien ou pas grand chose à cette secte... parce que c'est une secte. Et tu veux devenir prête. Soyons sérieux.
- Une secte ? Tu plaisantes. Ca n'a rien à voir.
- Hé ben disons que ça en a la saveur sans en avoir le nom. A propos de saveur... Garçon ? Deux Spéciales s'il vous plaît !

- Tou es sûre qu'on ne croisera pas ton mari ici ?
- Certaine, Francisco. Et puis, après tout, on ne fait que prendre un verre.
- Si. Yé vrai. Mais yé voudrait pas qui croit des chouses.
- Ne t'en fais pas. Il est enfermé dans son bureau du Comité. Alors, de quoi voulais-tu me parler ?
- Yé souis en train de travailler sur un... comment dîtes-vous ?... un... Ah !... un scénario de série télé. Yé voudrait qué tou incarnes le persoounnage principal.
- Moi ?? Tourner dans une série ? Tu plaisantes, hein ?
- Non, non. Yé souis sérieux. Tou as le physique, le charisme et l'innetéligence pour faire ça. Yé t'assoure !
- Je... Ecoute, je vais en parler à Tod pour...
- Tou n'as pas besoin de son avis. Tou y'es assez grande pour savoir ce que tou as à faire.
- Il faut que j'y réfléchisse. Je n'ai jamais croisé une caméra de toute ma vie, c'est quelque chose de difficile, tu comprends ?
- Si, si. Yé comprends. Je t'aiderai...