Discussion informelle

Bien que plus chargé qu'à l'accoutumée, l'emploi du temps de Marc lui permettait de conduire quelques rendez-vous personnels. Ainsi échangeait-il avec de Fortia depuis quelques jours et ainsi avait-il prévu de rencontrer une jeune citoyenne de la Principauté, Margaux Anéris. Tiverre poursuivait son objectif de développer à l'international MicroJuris. Aussi espérait-il, pour y parvenir, recruter des plumes à gauche à droite pour l'aider à couvrir et commenter l'actualité juridique micromondiale.

"Madame Anéris, merci de vous être déplacée jusqu'à l'ambassade. Je suis ravi que nous ayons l'occasion de discuter de l'offre que je vous ai faite. Avez-vous eu le temps d'y réfléchir ? Je sais que la tâche peut paraître ardue, mais si l'exercice vous intéresse, réfléchissons-y !".

"Monsieur Tiverre, je vous en prie c'est un plaisir et tout le monde n'a pas la chance de venir découvrir l'ambassade pryanne. J'ai pesé le pour et le contre et je suis toujours aussi peu sûre d'avoir le niveau pour participer à MicroJuris. Cependant, je ne vais pas vous mentir, être membre de la rédaction de votre journal me permettra d'acquérir de l'expérience."

La jeune femme ne paraissait pas particulièrement sure d'elle, ce que le journalisme juridique réclame pourtant. Il n'est pas demandé à qui que ce soit de prétendre détenir la Vérité, celle s'imposant à tous, mais d'avoir des convictions réelles et un raisonnement solide. Libre à chacun ensuite de se tromper ou de se méprendre, là n'était pas le sujet.

"Je ne pourrais que trop vous conseiller de suivre ce qui vous semble être le plus pertinent et le plus judicieux. Si l'expérience vous tente mais que vous n'êtes pas sûre d'être en mesure de répondre à mes exigences, pourquoi ne pas partir sur quelques piges que l'on rédigerait en collaborant. Je m'explique : on trouve un sujet susceptible de vous intéresser, je vous laisse écrire dessus un premier jet sur lequel je pourrais travailler par la suite. En fonction du résultat, on évaluera si le travail vous convient et vous satisfait. Une sorte de période d'essai pendant laquelle je vous encadre et vous conseille, si vous voulez.

Peut-être également que l'on pourrait diversifier les travaux de MicroJuris. Si vous vous sentez plus à l'aise dans un exercice de brèves, ou d'humour ou que sais-je encore, cela m'irait également parfaitement. Il n'y a pas de moule préconçu dans lequel je vous demanderai de rentrer. La seule exigence tient au caractère juridique de l'article, sans mentionner évidemment les qualités rédactionnelles".

Votre idée est séduisante et me permettra de ne pas m'égarer pour un premier article. Certes le statut de pigiste n'est guère enthousiasmant mais l'expérience que je vais en tirer vaut toutes les fortunes. J'ai assisté à un échange, certes manichéens mais intéressant quand même, sur la question de la nature démocratique ou non du régime fantispais actuel. Je pense que cela ferait un bon article, qu'en pensez-vous ?

Bien que Margaux avouait ne pas être confiante quant à ses capacités pour travailler pour MicroJuris, celle-ci proposa un article particulièrement relevé que Marc aurait été bien incapable d'écrire.

"Eh bien, c'est un sujet laborieux et difficile pour lequel je ne pourrais pas vous être d'une véritable aide, tant mes connaissances du fonctionnement de la Principauté sont encore limitées. Si ce sujet est celui qui vous intéresse le plus alors je ne saurais vous retenir d'écrire dessus, bien évidemment. À défaut, j'aurais davantage envisagé une étude comparée du financement des médias dans quelques nations telles que la Principauté, Prya et le Krassland, par exemple. Ou bien uniquement un texte sur le projet de financement des médias dont j'ai eu quelques échos."

"Je vais me donner le temps de la réflexion compte tenu de vos remarques. Dès que j'ai un nouveau sujet en tête, et qui me motive, je vous recontacte.

Dans un tout autre domaine, seriez-vous d'accord pour m'accorder une interview dans un futur proche ?"

"Ma foi, je ne m'attendais pas à ce que vous me proposiez un interview alors que ce rendez-vous avait pour vocation de vous proposer un travail de journaliste, ironisa Marc. Mais bien entendu, ce serait avec plaisir que je répondrai à toutes vos questions, Madamoiselle Anéris."

Compte tenu de mes maigres compétences, vous comprendrez bien que ce n'est pas mes piges à MicroJuris qui vont remplir le frigo.

Par ailleurs, vous êtes l'étoile montant du moment monsieur Tiverre, comment pourrais-je passer à côté de l'opportunité sans tenter de m'en saisir ?

Marc avait des défauts, beaucoup de défauts. Se laisser bercer par les flatteries en était un, indéniablement. On pouvait obtenir beaucoup de lui, pour peu que l'on parvienne à toucher les quelques cordes sensibles de l'ambassadeur.

"L'étoile montante ... vous me faîtes la beaucoup d'honneur, trop d'honneur indéniablement. Mettons simplement que j'ai la chance de m'être vu confié des responsabilités intéressantes et même passionnantes, voilà tout.

Pardonnez toutefois ma curiosité : pour quel canard comptez-vous m'interviewer ?"