Depuis qu’Eva Zhyon avait repris en main l’organisation du Comité de l’Intérieur, elle avait imposé un certains nombres de règles comme sortir une demi-heure par jour dans la rue pour y serrer deux-trois mains, dire bonjour à la boulangère, féliciter le fleuriste pour la beauté de ses rosiers. Rien de très folichons, mais qui faisait partie du travail d’un communicant. Tod se devait d’être le plus proche possible de ses électeurs.
Aujourd’hui, Tod était exempté de cette sortie au bas de l’immeuble du Comité de l’Intérieur, Eva avait organisé à la place une visite surprise dans un commissariat de la Direction Générale des Renseignements Fantispais Nationale (DGRF-N), plus connu sous le nom de Police Princière. Son rôle est naturellement de garantir l’ordre public et de surveiller les bâtiments publics. A ce titre, Tod croisait tous les jours des policiers au Comité, mais aussi au Parlement ou même au Palais du Prince lorsqu’il s’y rendait.
Evidemment, cette visite avait pour but de communiquer. Les caméramans et leur appareil étaient invités à se joindre à cette visite afin qu’ils puissent rendre compte aux télévisions pour lesquels ils travaillaient de l’action du Ministre. Eva Zhyon, Jean Baubinne et Nina Vox étaient les trois personnes qui l’accompagnaient. Tod se prêta volontiers au jeu et serra des mains. Il sentait parfois l’animosité de certains policiers ou la réelle joie de pouvoir lui parler. Inutile de dire qu’il était plus à l’aise dans le second cas de figure. Au fur et à mesure que la visite se déroulait, Tod se détendait, jusqu’à tenter une devinette :
- Vous savez pourquoi les poulets sont… heu… non, oublié !
Il s’enquit des problèmes rencontrés par les policiers : l’augmentation de la violence, tant verbale que physique, la multiplication des incivilités – même si elles restaient encore rares à Fantispa. Et surtout le manque de moyens qui leur était alloué : aucun véhicule acquis par l’Etat, pas de local, de très vieilles prisons… Tant d’investissements que l’Etat ne faisait pas…
- De princière, la police en a que le nom, dit l’un des hommes en uniforme.
Une bonne formule qui risquait de passer en boucle dans les médias. Tod jeta un regard à Eva qui hocha de la tête. Alors Tod reprit de plus belles la parole en promettant d’aborder dès que possible le sujet au Conseil des Ministres.
Cette longue journée mit le jeune politicien sur les rotules. Il ne rêvait que de rentrer dans son lit – et il espérait que Sharkie, leur cabot de malheur ne se soit pas couché dessus en y abandonnant la moitié de ses poils.