Prise en main du RPR

Le Palais de Sorlop n’était pas un lieu inconnu pour Tod. Il l’avait déjà fréquenté en qualité d’ambassadeur pryan, mais aussi en tant que journaliste lorsque le Prince Zygmunt 1er avait eu l’amabilité d’accepter une interview pour LGdK. Le lieu n’en restait pas moins impressionnant et empreint de solennité. Malgré tout, ce qui le déstabilisait davantage était plutôt son statut. Il faisait là ses tout premiers pas en politique… même si en vérité, il avait été à un demi-orteil de rentrer en politique à Prya à une certaine époque poussé par un ami.

Ce nouveau statut, il fallait désormais qu’il l’assume. Mieux qu’il en soit digne. Et ce n’était pas une mince affaire. Il en était encore au stade de douter de ses capacités à haranguer les foules. Alors diriger un parti ou un comité… Avant de pouvoir convaincre, il allait devoir se convaincre.

C’est donc un peu tendu, mais malgré tout se sentant porté par une certaine excitation qu’il pénétra dans les lieux. Après les contrôles de sécurité habituels, il demanda au secrétariat du Prince à obtenir une entrevue.
- La raison de cette entrevue ? avait sèchement répliqué le secrétaire.
Tod chercha ses mots. Le Prince avait d’autres dahus à fouetter que de recevoir un politicard, novice de surcroit, dans ces temps de restructuration.
- La situation politique du pays, s’entendit-il répondre.
- Je vois, dit le secrétaire après avoir toisé le visiteur. Veuillez vous installer de ce côté Monsieur.

Mais Tod avait plus de chances qu'il ne croyait. En effet, aujourd'hui le Prince recevait les doléances du peuple et permettait donc à chacun d'entre eux de s'entretenir en particulier avec le Prince pendant 15min.
Il lui fallait donc être efficace dans ces propos pour marquer l'esprit du Prince.


Guillaume, l'intendant de la Maison Princière vint chercher Tod dans l'antichambre :
-Le Prince est disposé à vous recevoir. Mais comme le protocole le précise vous aurez 15minutes pour vous entretenir avec le Prince.

Guillaume lui ouvrit alors la porte du bureau princier et annonça :
-TOD RUFFIN, responsable du RPR

L’annonce de Guillaume décontenança un peu le néo-politicien. Le Palais princier était donc déjà au courant de sa prise en main du parti. Il aurait dû s’en douter. Preuve était faite qu’il était trop naïf. Cependant, Tod ne s’arrêta pas à ce détail qui changeait rien en soi. D’autant plus qu’il ne disposait que de seulement 15 minutes. Pas le temps de gamberger. Il s’avança… Puis, il paniqua… quels étaient les détails précis du protocole ? Il les connaissait puisqu’il avait dû les appliquer alors qu’il était ambassadeur. Heureusement, le visage familier du Prince le rassura. Il connaissait sa bienveillance. Il en vint donc au fait.

- Votre Altesse. Je vous remercie de me recevoir. Vous savez plus que quiconque que la situation de la nation fantispaise est instable pour ne pas dire précaire. Les tourments qui frappent Fantispa ont déstabilisé son économie, sa vie politique et sociale. Il m’est apparu comme une nécessité pour moi de m’investir dans la vie publique pour aider les fantispais à retrouver une vie plus sereine. C’est pourquoi, avec le soutien du Duc de Tispana Julio De Fortia, j’ai pris la charge de la direction du RPR. Et je viens vers vous aujourd’hui pour sonder votre opinion sur ce sujet. Je souhaite également que vous approuviez également l'ouverture de locaux qui me permettront d’organiser convenablement le Rassemblement Pour une République.

Tod jeta un bref coup d’œil à sa montre. « Trop lent, trop lent ! » se dit-il tout en reprenant la parole.

- Croyez bien votre Altesse que le RPR n’a pas vocation sous ma direction à bannir votre famille. Mais je souhaite trouver un compromis qui pourrait convenir aux fantispais et dans lequel vous auriez une place.

Bonjour Monsieur Ruffin, c'est un plaisir de vous revoir ici et un plaisir tout aussi grand de vous voir vous impliquer dans la vie politique fantispaise. Sachez que celle-ci a toujours été faite de consensus et très rarement d'opposition franche. Je ne doute pas que vos idées apporteront à Fantispa.

En ce qui concerne vos locaux, je vais demander à Guillaume de gérer ça, il devrait être disponible d'ici la fin de la semaine.
Je vais présenter prochainement les nouveaux rouages de notre organisation politique et je vous consulterai à ce sujet, en qualité de responsable d'un parti politique, tout comme je l'ai fait avec le président du PCF, M. de Fortia.

Votre Altesse, je vous remercie. Il me reste donc plus qu’à préparer mon parti et à attendre ces nouveaux rouages. Il est certain que les locaux que vous nous consentez nous aiderons indéniablement. D’autres questions me viennent à l’esprit, mais je préfère attendre les annonces que vous ferez pour ré-ajuster mes interrogations.

Tod jeta un nouveau coup d’œil à sa montre au risque d’être impoli. Il lui restait quelques instants, mais préféra en rester là. Le but essentiel était atteint. Rien ne pressait pour le reste.

- J’espère donc que nous nous reverrons très vite votre Altesse.

Il s’inclina légèrement respectueusement.