Les mains sur son visage enflammé, Tod expira un grand coup pour décompresser. L’examen avait débuté depuis quelques heures et la fatigue commençait à se fait ressentir par conséquent. Si Tod avait beaucoup exploré l’Histoire, la Géographie ou la Culture fantispaise lors de son installation à l’ambassade écodémocratique, sa mémoire le trahissait. Son ignorance sur les partis politiques et leur création en était l’illustration. « Tu vieillis mal vieille branche, tu vieillis mal ! » Telle était la pensée qui s’invitait au bal de ses réflexions.
Assis inconfortablement sur une piteuse chaise en bois, qui avait du être utilisée au début du règne d’Alexandre Ier de Garenio, avait l’impression de sentir son postérieur enflé. Ses jambes lui paraissaient engourdies et sa ceinture abdominale flasque. Le bout de table que chaque candidat disposait était trop petit pour ne pas se perdre dans la multitude de documents qu’ils avaient à leur disposition. Le pion, un type au visage fin, dégarni et portant de petites lunettes rondes portait un petit rictus aux lèvres à chaque fois qu’il lui semblait voir un candidat tenter de communiquer avec l’un de ses congénères. Il tapotait des doigts sur la table à longueur de temps. Le bruit incessant qui en résultait rendait Tod très nerveux. C’était pire que le tic-tac d’une horloge ou le clapotis de l’eau s’échappant d’un robinet.
Le candidat qu’il était devait rester calme. Il respira à nouveau profondément et se replongea dans le sujet de son B.A.C. « Quelle est la date de naissance du prince ? » Voilà justement une question qu’il s’était posée récemment et auquelle il n’avait trouvé aucune réponse à l’époque. Pourquoi la trouverait-il aujourd’hui dans ces circonstances ? Stressé, fatigué, agacé… L’espace d’un instant, il regretta de ne pas avoir eu l’indélicatesse - à l’époque où il pouvait converser en privé avec lui dans le cadre de ses fonctions - de lui avoir posé cette question. Il n’y aurait peut être pas répondu se consola-t-il.
Après de longues, de très longues minutes de travail, Tod se sépara de l’instrument de torture sur lequel il était assis, pris sa copie et l’amena au pion. Il était plutôt satisfait du travail accompli, mais n’était pas certain d’être dans la moyenne communiquée par le professeur de l’Université. Cet examen lui avait permis de se rafraîchir la mémoire, et même si l’avenir ne lui réservait aucun emploi nécessitant ce diplôme, il ne regretta pas de l’avoir passé malgré tout. Il était d’ailleurs convaincu que cet examen était une excellente mesure afin de s’assurer que les nouveaux citoyens s’empreignent de l’Histoire, la Culture fantispaise.
« Une bonne journée en somme » pensa-t-il de bon cœur en sortant de la pièce en boitant, le crâne en feu, se tenant le fessier gauche et son corps cisaillé par diverses crampes, « une bonne journée ! »