Le grand saut

Il arrive parfois que le destin donne à votre vie un tournant inattendu, auquel on n’aurait jamais songé quelques jours, semaines plus tôt. Après tout était-ce vraiment le destin qui amenait Tod à se tenir debout planté comme un poteau au sol – indifférent au vent, aux tempêtes, au gens – devant ce type du personnel administratif local ? N’avait-il pas déjà songé à une telle possibilité ? Bien sûr que si !
Mais pas maintenant.
Alors pourquoi était-il là ? Les affres du passé trop douloureux à supporter dans son propre pays qu’il aime tant pourtant ? Sans nul doute. Si Becky l’a incité, l’a poussé à agir, c’est bien parce qu’elle avait ressenti, constaté les déchirantes cicatrices qui marquaient douloureusement l’humeur de son compagnon. La tristesse de voir la principauté glisser vers le gouffre ? Evidemment. A deux reprises ambassadeur pryan à Fantispa, Tod avait eu le loisir de côtoyer certains fantispais. De ces échanges, il n’en avait pas été indifférent.

Un coup de coude de Becky dans ses côtes le ramena à la réalité.

- Je peux faire quelque chose pour vous Monsieur ?
- Je… enfin…, bredouilla-t-il comme si on venait de le sortir brutalement d’une courte nuit de sommeil.
- Vas-y Tod ! ordonna Becky
- Je…

Il était difficile de franchir le cap, pas tant que la démarche lui déplaise, mais la déplaisante idée de savoir Prya loin de lui, le paralysait. Il avala sa salive et inspira profondément.

- Vas-y !
- Mais, c’est bon, je vais le faire.
- Quelque chose ne va pas Monsieur ?
- Non, non. Tout va bien… heu… Voilà, je souhaiterai ouvrir une procédure de naturalisation.

Ca y’est ! Il l’avait dit. C’était comme une chape de plomb qui lui glissait des épaules et le soulagea de son poids. Il sentait malgré tout ses mains tremblées et son pouls battre très fort. Un nouvel environnement, une nouvelle vie, un nouveau pays, un nouveau contexte, de nouveaux défis. Mais par-dessus tout, il rêvait de bonne humeur. Il ne voulait plus jamais devoir à supporter les lourdes atmosphères imposées par des guignols.

- Votre formulaire Monsieur ?
- Mon… ?
- Le formulaire qu’on a rempli Tod, souffla la jeune femme.
- Ah ! Oui, le formulaire. Le voici.

Citation :

Nom : Ruffin
Prénom : Tod
Pays de provenance : (la belle) Prya
Statut demandé : Citoyen
Raisons de la présence en Fantispa : Une nouvelle vie !

Une sombre lueur assombrit le visage du prétendant à la citoyenneté. Lui et Becky avaient beaucoup parlé. Ils étaient arrivés à la conclusion qu’une nouvelle vie en Principauté pourrait être une solution à leurs problèmes. Mais ils avaient oublié un petit détail ; Et si la demande de citoyenneté était rejetée ? Voilà une possibilité qui changerait radicalement leur plan. Ils possédaient toujours leur maison tindalite. Mais, ils devraient donc retrouver leur ancienne vie, reclus dans l’est pryan, à l’abri des regards.

Tod pourrait toujours tenter de contacter Julio De Fortia, voire directement le prince Zygmunt 1er. Mais il serait probablement plus difficile d’obtenir un entretien maintenant qu’il n’était plus un représentant étranger. Le prince avait d’autres Dahus à fouetter que de recevoir des étrangers en ces temps de crise. L’ambassade pryanne était déserte, il ne pourrait donc pas non plus solliciter une aide de son pays natal.

Il garda pour lui cette inquiétude puisque le risque existait, mais ine faisait pas partie des fortes probabilités.

Tod. Bienvenue en Fantispa, le Prince Zygmunt 1er va s'occuper de vous donner la citoyenneté très rapidement.

En qualité de Directeur de l'AFIE, je vous invite à compléter votre fiche de citoyen sur le Wiki Officiel de Fantispa :
http://fantispa.free.fr/wiki/index.php?title=Tod_Ruffin

En attendant l'officialisation de votre citoyenneté, je vous invite à commencer à participer à la vie fantispaise et à poser les questions que vous pourriez avoir.

Cordialement,

Julio de Fortia, Directeur de l'AFIE
Duc de Tispana

Avant de partir de l'aéroport, Max aperçut deux profils familier avec un enfant.
Un formulaire de citoyenneté entre les mains, cela ne faisait aucun doute.

Tod ? Becky ?
Cela fait si longtemps, j'espère que vous vous portez bien, ainsi que le petit Auguste.
Je vois que vous n'êtes pas là que pour les vacances...J'espère que vous vous plairez ici, je n'ai pas tout les détails, mais Fanstispa est dans une mauvaise passe, espérons que ça ne soit que passager.

Mais bienvenue en tout les cas.

Il arrive parfois que le destin donne à votre vie un tournant inattendu, auquel on n’aurait jamais songé quelques jours, semaines plus tôt. Il arrive même parfois qu’il vous réserve des surprises qui peuvent vous bouleverser. Le point commun est l’inattendu et le trouble qu’il provoque au plus profond de nous.

Pendant que Tod était encore sous le coup de l’émotion de la démarche qu’il avait initié, Becky remarqua immédiatement la silhouette de l’individu qui s’approcha d’eux. Ses lèvres s’écartèrent d’étonnement. Ses yeux s’agrandirent. Elle se demanda s’il pouvait s’agir d’un sosie parce qu’il n’y avait aucun doute ; Ce visage, ces traits, cette démarche, il s’agissait bien de Max. Max Morton, de son frère jumeau caché ou d'un sosie.

Sa petite voix s’étrangla quand elle prononça « Tod » afin d’attirer son attention. Ce dernier restait penaud devant le guichet, les yeux dans le vide.

- Tod ? Becky ? commença Max

Tod leva son regard sur lui. Tout devenait clair. S’il était dans cet état second, s’il était aussi bouleversé et déstabiliser, c’est qu’il rêvait. Il rêvait forcément parce qu’il retrouvait dans cet aéroport un de ses meilleurs amis qu’il n’avait pas eu la chance de croiser depuis des mois.

Dans un instant, il faudrait se réveiller dans le cocon familial tindalite, se lever et prendre une décision sur leur arrivée à Fantispa. Dans un instant, il dirait à Becky « Tu sais de qui j’ai rêvé ?… De Max. Il nous accueillait chaleureusement à l’aéroport de Tétaou. C’est peut être un signe. Le signe qu’on doit se lancer et partir là-bas, non ? » Elle rirait à une telle évocation – Un rêve ? Un signe ? -, mais laisserait entendre que c’est la meilleure chose à faire.

Mais voilà. Tod ne se réveillait pas. Cet aéroport était bien réel, tout autant que cette rencontre. Heureusement, Max ne laissa pas le temps à Tod de réagir – chose qu’il n’aurait pas pu faire de suite, cela en était trop pour aujourd’hui !

- Cela fait si longtemps, j'espère que vous vous portez bien, ainsi que le petit Auguste. Je vois que vous n'êtes pas là que pour les vacances... J'espère que vous vous plairez ici, je n'ai pas tout les détails, mais Fantispa est dans une mauvaise passe, espérons que ça ne soit que passager. Mais bienvenue en tous les cas.

- Max, ça nous fait tellement plaisir de te revoir, répondit Becky. Tod regardait souvent ta maison tindalite qui se trouve en face de la notre. Il espérait sans doute t’apercevoir y entrer ou en sortir. Mais dis-moi, comment va cette chère Monique ? Tu es ré-installé depuis longtemps à Fantispa, à moins que tu sois que de passage ?

Il devait paraître idiot, bouché bée, sans un mot qui puisse sortir de sa bouche. Tod ne se rappelait pas d’avoir été dans un état pareil. Le bouleversement était si violent et si surprenant. Heureusement, Becky lui avait laissé le temps de respirer.

- Max ? Je… C’est tellement bon de te revoir. Où étais-tu passé ? On va en effet vivre une… nouvelle aventure ici. La principauté a besoin de bras pour repartir de l’avant.

C'est une bonne surprise pour moi aussi, cela faisait si longtemps.

Ma mère est resté à Tindali, il fallait que je coupe le cordon... encore une fois.

Mais depuis mon départ précipité, je n'étais pas si loin, je suis resté caché dans le laboratoire sous-marin de Tindali.
Avec la nouvelle administration, j'ai du quitter le laboratoire et retourner chez ma mère.
Mais sans aucune condition sociale, avec un compte totalement vidé, sans emploi d'aucune sorte à l'horizon, elle n'a pas supporté et m'a mis à la porte.

Et me voici...devant vous et Auguste, qui doit aller sur ses 2 ans si je ne me trompe pas.

Cependant je dois avouer que la surprise est là aussi, jamais je n'aurais pensé vous voir quitter Tindali.
Mais on ne sait jamais de quoi demain est fait comme on dit.

- Oh ! Tu étais donc si près ?! reprit Tod
- Je me demande comment peut être la vie là-dessous. Je n’aurai pas supporté une telle vie, avoua Becky.
- Elle t’a mise à la porte ? Tu as bien de la chance…
- Tod !
- J’ai prié Eléonor qu’elle me foute la paix. Elle voulait que je m’investisse dans la politique pryanne.
- Quelle mémoire Max ! dit Becky en regardant Auguste qui roupillait à point fermé. Il va avoir deux ans le 14 août. Il a changé notre vie.
- Ca c’est certain : Il a tout le temps faim, il fait des étrons plus large que les pieds d’une table, il dort le jour et fait la fête la nuit… C’est sûr que notre vie n’est plus tout à fait la même…
- Ne l’écoute pas, c’est sa mauvaise humeur habituelle. Auguste est vraiment adorable.
- Mouais…

La démarche administrative et la surprenante apparition de Max avaient fait oublier à Tod l’accueil de Julio De Fortia. Si lui aussi faisait partie des personnes qu’il était enchanté de revoir, il était beaucoup moins surpris de le retrouver ici. Il s’y attendait. Il songea qu’il devrait lui envoyer un petit mot de remerciement. Il y avait tant de chose à faire ; s’installer, redécouvrir le pays, s’habituer aux changements imminents dont toute la presse faisait état, s’investir… Bref, retrouver une vie normale. Quel challenge ! Cela lui rappelait son arrivée à Prya durant une période électorale pendant laquelle un certain Max Morton briguait la fonction suprême. Quelques tressaillements le parcoururent. Ce n’était pas tant la nostalgie cette fois-ci qui l’atteignait – même si elle était présente – mais l’excitation des nouvelles perspectives qui s’ouvraient à eux aujourd’hui.

- Monsieur ?
- Heu… Oui ?
- Le Palais princier a confirmé l’acquisition de votre citoyenneté.

C’était parti ! Sa nouvelle vie. Il était Tod Ruffin, fantispais. Il sentait le moment solennel – tout au moins pour lui -, il fallait passer à l’action, mais pas trop vite, prendre son temps.

- Merci, dit-il comme si tout avait dépendu de ce type. Puis, il se retourna vers Max. Je crois que nous sommes de nouveau concitoyen. Nous devons nous rendre en ville. Nous aurons l’occasion de nous croiser sans nul doute Max. J’y compte dessus.