[Série]: Les 12 Apôtres de la Mort (Fin)

(Résumé : Stratego et ses "12 Apôtres" sont enfin parachutés en territoire autarcien. Le commando investit le château comme prévu. Cependant, Salmonello, qui tente de violer une femme de chambre autarcienne, est poignardé par celle-ci ; Mickey Lamb tue une femme autarcienne et craque...L'alerte est donnée et Stratego contraint d'improviser...)

Dernier épisode

-« Dix minutes trop tôt… » pensa Stratego, en entendant les tirs de mitraillette.
Installé confortablement dans un fauteuil, dans le salon de réception, il s’efforçait de paraître attentif au monologue abscons d’un officier kafard apparemment ivre.
Un vieux général kafard se leva d’un bond et ordonna que tous les officiers au-dessus du grade de capitaine aillent se réfugier dans les sous-sols. Une sonnerie d’alarme retentit dans tout le château.
-« Il va falloir maintenant improviser », se dit Stratego. « Quel est l’imbécile qui…. ? »
Lui et Marchokrev furent contraints, malgré eux, de suivre le mouvement en direction des caves….

Tandis que la sonnerie retentit, Workaholic sortit sa mitraillette et un sac rempli de grenades de la voiture. Il se posta derrière le véhicule, et pointa son arme en direction du bâtiment des gardes. Bientôt, un premier garde apparut : Workaholic fit feu et le garde dégringola le long de l'escalier du bâtiment, tué sur le coup. Un second sortit à son tour et fut proprement abattu de la même manière par le garçon de Dangloyre. Attiré par les coups de feu, un garde kafard aperçut au loin Workaholic, qui, protégé derrière la voiture, mitraillait ses camarades dès leur sortie du bâtiment des gardes. Il s'apprêtait à lui tirer dans le dos quand il se raidit soudain et s'écroula, face contre terre, abattu par le sergent Cannon, qui veillait au grain. Le sous-off alla ensuite rejoindre Workaholic pour l'aider à mitrailler les gardes kafards...

Stench avait fait sauter, avec succès, le signal sur l’antenne dès les premiers coups de feu. Il était en train de couvrir sa retraite, tirant sur des gardes qui l’avaient repéré, tout en descendant le long de la corde. C’est alors que, criblé de coups de laser, il lâcha la corde et s’écrasa au sol…

Milner contemplait, satisfait, le générateur qu’il avait saboté. Il entendit lui aussi la sirène et constata, en râlant, que la bagarre avait commencé dans le château un poil en avance sur l’horaire. Des voix kafardes attirèrent son attention. Des soldats le montrèrent du doigt et l’interpellèrent, avant de foncer sur lui. Milner enleva la sécurité de son arme et ouvrit le feu après avoir lancé deux grenades sur le groupe….

Le regard fou, Mickey Lamb avançait dans le couloir, prêt à mitrailler tout ce qui se présenterait.
De la chambre d’où il s’était réfugié, Grandville tenta d’ouvrir sans bruit une porte donnant sur le couloir. En dépit de toutes ses précautions, Lamb l’entendit. Se retournant, l’ex-sophiste tira dans la direction de son camarade, criblant la porte de décharges de laser. Grandville parvint à se mettre à l’abri et referma la porte.
-« Qu’est-ce qui se passe ? Qui c’est qui a pété un plomb ? » demande Pilgrimm pas très rassuré.
-« Ta gueule ! » dit Grandville en traversant la pièce, cherchant une autre issue. « C’est Lamb ! Il mitraille tout ce qui se bouge. Et pas ceux qu’il faut… »
-« Et il nous bloque l’issue, ce con… » dit Pilgrimm. A cette heure, on est censé rejoindre le capitaine et Marchokrev, pour mitrailler les généraux. Et où est Salmonello ? »
-« Aucune idée…Il va falloir passer l’obstacle… »dit Grandville
-« Passer l’obstacle ? Tu veux dire que... »
-« Si t’as une meilleure idée, je t’écoute…Bon, il y a une deuxième porte qui donne sur le couloir. Si je peux passer sans me faire repérer, je peux arriver dans son dos…Mais il faut que tu détournes son attention. »
-« Hé ! Pas de blague…Je ne veux pas me faire trouer la peau bêtement, moi… »
-« C’est moi qui risque plus que toi…On y va…Je te fais signe quand je suis prêt… »
-« Ok, ok… » fit Pilgrimm résigné.


Du haut de son escalier, Lamb avait une vue privilégiée sur la panique qui régnait parmi les officiers kafards.
-« Hep ! » l’appela Pilgrimm, en pointant le bout du nez à travers la porte entre-baillée de sa chambre.
L’ex-sophiste répliqua aussi sec en tirant plusieurs rafales de laser dans la direction du ledyen qui s’éloigna de la porte, se plaquant contre le mur pour échapper aux tirs. Dans le même temps, Grandville avait pu profiter de la diversion pour sortir dans le couloir par une autre issue, se retrouvant dans le dos de Lamb. Lorsque celui-ci, prenant subitement conscience du danger qui le menaçait, voulut se retourner, l’immigré yssois l’abattit froidement d’une longue rafale de laser. Le danger écarté, Pilgrimm sortit à son tour.
-« Et merde ! » dit Grandville devant le cadavre de Lamb.


De garde dans le passage souterrain, entre le hangar à bateaux et le bâtiment principal, Picket entendit de nombreux bruits de pas se précipiter vers lui dans le tunnel sombre. Il pointa son arme et tira sur les lumières qui s’approchaient. Des corps s’amoncelèrent les une sur les autres, apparemment mortes. Il entendit courir à lui quelqu’un qui criait alternativement en kafard et en ydéen : « général ! Général ! Arrêtez ! ». Picket allait abattre l’homme quand il reconnut la voix de Branko, ce qui lui confirma la lueur de sa lampe électrique. Picket se dirigea vers Branko qui n’était pas censé être dans le tunnel et éclaira les corps de sa lampe. Il distingua au moins un général kafard mort, aux côtés duquel s’amoncelaient quatre autres cadavres kafards.
-« Qu’est-ce que tu fous ici, toi ? Tu ne devais pas être dans le parc automobile ? » demanda Picket.
Branko hurla :
-« Salaud ! Tu l’as tué ! »
-« Que voulais-tu que j’en fasse ? Que je le rapporte à la maison comme souvenir ? » demanda Picket. Puis, regardant Branko : « et pourquoi lui criais-tu de s’arrêter, hein ? »
-« Imbécile ! » répliqua Branko en s’avançant, menaçant. « Il était notre moyen de sortie, peut-être le seul ! »
Picket pointa alors son poignard vers Branko, obligeant celui-ci à reculer :
-« N’essaie pas, Vector, je te préviens…Tu ne t’en tireras pas comme ça ! Allons plutôt rejoindre les autres… »
Et il entraîna Branko avec lui, en direction du parc automobile. Sur le chemin, ils découvrirent le corps de Milner abattu près du générateur auxiliaire qu’il avait détruit. Six soldats kafards étaient morts autour de lui, tués par la mitraillette et les grenades de Milner, et trois blessés que Picket et Branko achevèrent…


Stratego et Marchokrev suivaient les officiers kafards et les femmes autarciennes qui couraient se réfugier dans les abris du sous-sols. Tandis que les kafards commençaient à entrer dans l’abri, Stratego s’arrêta, paraissant s’être foulé la cheville. Marchokrev s’attarda aussi, faisant mine de venir en aide à Stratego. Laissant passer tous les autres, ils regardèrent autour d’eux : des panneaux « interdiction de fumer » ou « danger explosifs » étaient affichés un peu partout. Ils s’avancèrent lentement, alors que tout le monde était déjà à l’intérieur ; les gardes les attendant pour fermer les portes de l’abri. C’est à ce moment que le « créateur d’illusion » de Marchokrev eut des ratés. Surpris de voir non plus un officier kafard mais un soldat humain ennemi, les gardes réagirent avec un temps de retard : les deux membres du commando ydéen dégainèrent leurs pistolets lasers et les abattirent. Stratego se rua sur la porte. Trop tard. Les kafards avaient eu le temps de s’enfermer.
-« Vous n’aviez pas prévu cela, capitaine ? » constata Marchokrev.
-« Il faut bien qu’ils respirent !…» dit Stratego, qui semblait avoir une idée.
Ensemble, ils fermèrent toutes les grilles de la cave et coupèrent leurs créateurs d’illusion.
Ils remontèrent les escaliers en restant sur leurs gardes et se retrouvèrent aux cuisines. Là, les membres du personnel kafard et autarcien du château avaient été rassemblé par Grandville et Pilgrimm qui les tenaient en joue.
-« Où en est-on, capitaine ? » demanda l’yssois.
-« Ils se sont tous réfugiés dans la cave. Mais tout n’est pas joué : il doit y avoir des bouches d’aération au-dehors. Vous avez les grenades ? »
-« Assez pour faire sauter dix châteaux comme celui-ci, capitaine ! » dit Grandville.
-« Allons-y ! » dit Stratego. Puis, à Pilgrimm qui surveillait le personnel : « tuez les kafards, laissez partir les autarciens. »
-« A vos ordres, mon capitaine », fit Pilgrimm tout de même interdit.


Une fois dans la cour, devant l’entrée du château, ils retrouvèrent Cannon, Workaholic, Branko et Picket. Stratego posta Workaholic et Picket en sentinelles et chargea Branko de faire démarrer un véhicule, tandis que lui, aidé de Cannon, Grandville, et Marchokrev, s’occupa de dévisser les couvercles des bouches d’aération.
-« Videz vos sacs de grenade à l’intérieur ! » ordonna-t-il.
-« Ces salauds ont bloqué la direction ! » râla Branko, qui s’escrimait à faire démarrer un camion.
-« Débrouillez-vous ! » hurla Stratego, occupé à vider un sac de grenades dans la bouche d’aération qu’il venait d’ouvrir. « Sergent ! Allez chercher Pilgrimm pour qu’il vienne nous aider ! »
-« A vos ordres, mon capitaine », répondit Cannon. A ce moment, un pneu d’une voiture proche du sergent éclata.
-« D’où est-ce que le tir venait ? Surveillez vos arrières !» dit Stratego


De leur position abritée, Colosseus et Vance aperçurent toute une colonne de camions ennemis se diriger vers eux. Colosseus arma la mitrailleuse et Vance fit sauter les charges enterrées sous la route, détruisant les premiers camions. Puis, il lança une fusée éclairante pour que Colosseus puisse mitrailler les kafards survivants comme en plein jour. Un véritable tir au pigeon pour le sumérien qui s’en donna à cœur joie.

Pilgrimm n’arrivait pas à se décider à abattre de sang froid les kafards.
Cannon tenta de le remuer, avant de retourner dehors rejoindre les autres :
-« On vous a donné un ordre, alors remuez-vous le cul ! On a besoin de vous dehors ! »
Finalement, Pilgrimm, après avoir essuyé son front moite, ordonna :
-« Foutez le camp, les autarciens ! »
Des crépitements de mitraillette et des cris parvinrent aux oreilles de Cannon qui, une fois de retour dans la cour, alla ramasser un sac de grenade posé près d’un véhicule. Un tireur isolé le toucha brusquement à la jambe. Projeté en avant par le choc, le sergent lâcha son sac dont le contenu s’éparpilla au sol. Marchokrev, qui avait repéré le tireur, fit feu en direction d’une fenêtre : un soldat kafard passa à travers la vitre et vint s’écraser au sol.
Pilgrimm apparut alors, venant des cuisines.
-"Allez aider Cannon !" lui ordonna Stratego. A ce moment, Pilgrimm, qui se dirigeait vers le sergent, trébucha. Presqu'en même temps, Picket et Workaholic tirèrent en direction d'une porte entrebaillée d'un bâtiment de service situé en face d'eux : criblé de balles, un garde kafard s'écroula.
Pilgrimm se releva, fit quelques pas en titubant, une grave blessure sur le flanc gauche, avant de s'effondrer face contre terre.
Pour Stratego, il fallait en finir. Rester plus longtemps encore était dangereux. Il fit tout de même vider des jerricans d’essence dans les bouches d’aération, pour être sûr du résultat. Branko réussit enfin à faire démarrer un véhicule tout terrain. Stratego divisa son groupe en deux : il prit avec lui, à bord du véhicule, Cannon, Marchokrev, et Branko. Workaholic et Picket, eux, devaient se rendre au hangar à bateaux pour s’échapper par la rivière.
Une fois son groupe embarqué à bord du véhicule, Stratego prit le volant et ordonna à Grandville resté près des bouches d’aération avec des grenades :
-« Grandclerc, une fois que nous serons au pont, vous balancerez vos grenades, une, deux, trois, quatre, dans les bouches d’aération et vous nous rejoignez ! D’accord ? »
-« Hmmm...D'accord ! » dit-il en débouclant son ceinturon.


Stratego avança le tout terrain à l’endroit indiqué. A ce moment, un tir de laser toucha une bouche d’aération, non loin de Grandville. Celui-ci, ayant saisi sa mitraillette, fit feu en direction du tireur, caché derrière une fenêtre du château : un autre soldat kafard passa à travers une vitre pour s’écraser au sol.
Stratego ordonna :
-« Allez-y ! Envoyez les yodacakes ! Et rappelez-vous, Grandclerc : vous n’aurez plus que 20 secondes pour nous rejoindre ! »

Une grenade dans chaque main, Grandville souffla, avant de démarrer au quart de tour. Il se mit à courir et jeta une grenade dégoupillée dans chaque bouche qu’il dépassait. De la voiture, les autres l’encouragèrent :
-« Allez Grandville ! Vous y êtes presque ! »
-« Dépêche-toi Grandclerc ! Plus que quelques mètres ! »

Grandville jeta sa dernière grenade dans la quatrième bouche et fonça vers la voiture où l’attendaient les autres. C’est à ce moment qu’il fut fauché par une rafale de laser, venant d’un tireur camouflé. Le choc le projeta à terre. Roulant au sol sur lui-même, il s’arrêta et ne bougea plus.

-« Grandclerc ! » hurla Stratego.

A ce moment, tout explosa. Le château sembla s’effondrer comme un château de cartes. Aucun de ceux qui s’étaient réfugiés dans la cave n’en réchappa…

Colosseus et Vance mitraillaient efficacement les troupes et les véhicules kafards qui concentraient tous leurs efforts vers eux. Soudain, Colosseus lâcha son arme et sauta de sa position abritée. Il engagea un corps à corps avec quatre kafards qui s’étaient glissées sur son flanc gauche. Vance, même touché par des tirs de laser, s’acharnait sur sa mitrailleuse, continuant à tirer sur l’ennemi…Enfin, criblé de laser, il s’affaissa sur son arme, tandis que Colosseus se retrouva rapidement submergé par un ennemi supérieur en nombre…
Une belle fin pour un sumérien…

Après un dernier regard vers Grandville étendu à plat-ventre sur le sol, Stratego roula dans la direction opposée à celle du contingent kafard qui entourait la position de Colosseus et Vance.
Les phares éclairèrent un fort barrage routier ennemi.
-« Capitaine, arrêtez-vous ! Il faut se rendre ! » hurla Branko paniqué.
Mais Stratego accéléra pour renverser la barricade de bois. Criant un flot d’obscénités, Branko pointa le canon de sa mitraillette sur le cou du capitaine. Cannon sortit son automatique, mit Branko en joue et tira deux fois au moment où les soldats kafards du barrage, réalisant qu’ils ne pourraient pas les stopper, ouvrirent le feu sur la voiture qui s’échappait. Le corps de Branko tomba au moment où ils heurtaient la barricade et s’écrasa sur la route…
Echappant à leurs poursuivants, les survivants du commando se dirigèrent vers les côtes autarciennes…


EPILOGUE


Quartier Général de l’ARI
Département « Guerre Psychologique »
Bureau des services stratégiques
Ydemos

Objet : compilation et interprétation des rapports reçus à ce jour, relatifs au personnel et aux objectifs du Projet « sursis ».
Classification : Top secret

1)Pertes en hommes :

a)Morts : Lamb, Mickey ; Salmonello, Danny ; Milner, Dominic ; Stench, Stink ; Branko, Vector ; Colosseus, Procuste ; Grandville “Grandclerc” ; Pilgrimm, Bill ; Vance, Léo

b)Blessés : Cannon, Terry

c)Survivants : Stratego, Ludo(capitaine) ; Cannon, Terry ; Marchokrev, Serge ; Workaholic, Josph ; Picket, Sosthène.


2)Evaluation de la mission

L’opinion de la soussignée est qu’un groupe d’agents « normaux » ou même supérieur n’aurait pas été en mesure d’accomplir la mission dans des conditions similaires.

Un grand nombre de généraux kafards ont péri lors de l’explosion du château de Chamalik. Sur ce plan, la mission a été un succès.


3)Recommandations :

a) La soussignée recommande qu’aucun autre plan similaire au Projet « sursis » ne soit jamais entrepris.

b) C’est également la recommandation pressante de la soussignée que tous les dossiers judiciaires relatifs aux douze prisonniers ydéens ayant constitué le personnel de ce projet soient modifiés et qu’y soit enregistrée leur amnistie et leur libération, à la date du 15 juin de cette année.


Sarah Quibble, capitaine
Départ . « Guerre Psychologique »,
ARI


FIN