Les sorties sur le terrain commençaient à plaire au jeune Ministre que Tod était devenu. Celles-ci lui permettaient de fuir le Comité (et donc la présence de Goranz), le Parlement (et l’animosité de certains parlementaires) et le foyer (et les reproches d’absences de Rébecca). Il préférait aller voir sur le terrain ce qu’il se passait. La discussion était permise. Certes les réprimandes et surtout les demandes pleuvaient, mais au moins elles étaient fondées. D’autant plus fondées, ici dans la province de Fanto où le manque d’énergie était considérable. Il faudrait 10 mois de la production d’Energie de Fantispa pour réussir à combler les besoins… Et encore, durant ces dix mois, de nouveaux besoins se feraient jour.
Et que dire des besoins alimentaires ? Tod avait l’impression d’être replongé à Tindali il y a quelques mois en arrière, à une période durant laquelle sa province natale était totalement délaissée par les pouvoirs publics. La maigreur de nombreux citoyens – surtout les plus pauvres – marquait les stigmates d’une pénurie sans précédent. Sa visite à Fanto avait presque un goût de surréalisme. Il se sentait presque à l’étranger. Les rues jonchées de déchets, les jardins et squares couverts d’immondices, la population errant dans les rues à la recherche du repas du soir… et à vrai dire de la journée. Il était étonnant qu’aucune révolte n’est éclaté tant la situation était critique. Heureusement, la situation allait changer. Doucement, elle allait changer. Fanto allait pouvoir retrouver son lustre d’antan. Et il le faudrait puisque Fanto semblait être choisi pour représenter la Principauté lors de l’Expo d’Abalecon.
Eva, qui était la seule de l’équipe du Comité à accompagner Tod, restait silencieuse. Les trois hommes de la DGRF-PP chargés de la sécurité du Ministre semblaient eux aussi marqués par le décor. Tod tentait de rassurer tant bien que mal les gens qu’il croisait, leur apportait son soutien. Ils désiraient avant tout à manger. Le retour au Comité se fit dans un silence religieux.